Catherine Gauthier
En 2009, je me suis séparée du père de mes enfants. C’était ma décision et elle était réfléchie, mais ça m’a tout de même beaucoup affectée. Je me suis trouvé un appartement où j’ai emménagé avec mes enfants. Je travaillais dans une épicerie et je voulais améliorer mon sort alors je me suis lancée dans des études en littérature et philosophie. Avec le travail, c’était 50 heures par semaine de boulot que je faisais en plus de m’occuper de mes trois enfants; c’était beaucoup mais tellement important pour moi que je le faisais avec plaisir. Je me rappelle à ce moment je n’avais pas les idées claires et je me disais que je devais consulter un psychologue mais je manquais de temps. Je ne l’ai jamais fait.
Après deux ans d’études, un avis m’informait que mes prêts et bourses allaient baisser car je travaillais trop. En fait, je faisais 20 heures par semaine pour arriver avec l’appartement, les trois enfants et la voiture. J’ai donc arrêté mes études pour retourner au travail car je ne pouvais plus arriver avec ce qu’ils me donnaient.
«J’avais envie d’augmenter ma qualité de vie.»
Déprimée, je buvais le soir. J’étais évidemment de plus en plus fatiguée, jusqu’au jour où je n’étais plus capable de me lever. J’étais en dépression majeure. J’ai été hospitalisée une première fois pendant un mois. À ce moment, ils m’ont fait un diagnostic qui, je l’ai su ensuite, n’était pas le bon. Après 2 ans de suivi, mon psychiatre m’a diagnostiqué un trouble schizo-affectif.
Mon rétablissement a commencé tranquillement. Au début, j’étais seulement capable d’aller prendre une marche. Ensuite, j’avais un peu plus d’énergie, alors je me suis inscrite au Pavois et j’ai commencé à participer à quelques activités. J’ai débuté un stage à la Friperie du Pavois que j’ai poursuivi pendant 4 mois. En fait, je sentais mon énergie revenir tranquillement. Plus ça allait, plus j’étais capable de faire des choses. Jusqu’à aujourd’hui où je suis capable de travailler 35 heures par semaines. Mais ça a pris du temps. J’y suis allée à mon rythme.
Ma famille a contribué à mon rétablissement. Ils ont été constamment présents pour moi. En plus de me supporter financièrement, ils m’ont aidé avec les enfants. Si je n’avais pas eu leur support, je ne m’en serais jamais sortie. Je serai reconnaissante toute ma vie de ce qu’ils ont fait pour moi. Ils m’ont donné la force de m’en sortir et de croire à la vie. Je ne l’oublierai jamais car la famille n’a pas l’obligation d’aider un membre qui ne va pas bien. C’est très dur car la personne n’est pas souvent facile. Beaucoup ne le font pas. Mais ils ne m’ont jamais laissé tombée peu importe ce qui se passait. Ça a été dur pour eux mais ils ont tenu bon. Aujourd’hui ils constatent les résultats de ce qu’ils ont fait et ils sont heureux que j’aille mieux.
«Je réalise de petites victoires qui augmentent ma qualité de vie, mon bien-être et mon bonheur.»
Au Pavois, je me rappelle une conversation que j’ai eue avec Brigitte Soucy où elle me disait que même si mes études n’étaient pas terminées, je pouvais quand même travailler dans mon domaine. J’avais de la difficulté à y croire mais je me suis accrochée à cette phrase. Jamais je n’aurais pensé que le Pavois deviendrait mon employeur. Mais voilà, maintenant je travaille dans mon domaine à temps plein au Pavois de Québec et aux Éditions l’Hybride comme agente de communication et d’événements.
Qu’est-ce qui m’a encouragée à me rétablir? En fait, j’avais envie d’augmenter ma qualité de vie. On s’entend que de rester dans son lit toute la journée n’était pas une solution envisageable à long terme. J’avais envie d’avoir des projets et de faire des choses que j’aime. Lorsque mes médicaments ont été bien équilibrés, je retrouvais peu à peu l’énergie. Ce qui me permettait de faire des choses. Et plus j’augmentais les choses que j’avais à faire, plus j’avais envie d’avoir de nouveaux projets. C’est à ce moment que je me suis trouvé un emploi à temps partiel et que j’ai recommencé à écrire et à lire. J’avais enfin de l’énergie pour faire des choses que j’aimais.
«J’ai compris l’importance d’écouter les signes que mon corps m’envoie et comme ça j’arrive à faire ce qui me plaît.»
J’avais aussi envie d’être mieux pour mes enfants, d’être plus disponible, d’avoir plus d’énergie pour pouvoir faire des choses avec eux. Je n’en pouvais plus d’aller tout le temps me coucher lorsque j’étais avec eux. J’avais envie d’être présente et en forme.
Mon conjoint a été très présent pour moi et m’encourageait à faire des choses que j’aimais; écrire, travailler dans mon domaine, etc. Il m’encourageait à bouger et à faire des choses, d’être plus active. C’est beaucoup grâce à lui que je me suis rétablie. Sa présence a toujours été positive et bienfaitrice pour moi. S’il n’avait pas été là je ne serais probablement pas rendue aussi loin dans mon rétablissement. Je lui dois beaucoup.
Ma vie n’est pas parfaite, tout n’est pas revenu comme avant encore mais petit à petit je réalise de petites victoires qui augmentent ma qualité de vie, mon bien-être et mon bonheur. Je sais que je suis fragile et qu’il peut m’arriver de retomber. Mais je fais très attention; je me connais et lorsque je sens que ma fatigue est un peu trop intense, je me repose. Comme ça, je réussis à faire mes journées, mes semaines, mes mois. J’ai compris l’importance d’écouter les signes que mon corps m’envoie et comme ça j’arrive à faire ce qui me plaît. Maintenant, j’ai vécu assez de choses positives pour me donner des ailes et croire en l’avenir. Ce ne sera peut-être pas toujours facile mais il y aura toujours de belles choses pour moi, j’en suis certaine.